Lost

Depuis ses débuts comme rappeur à la maison des jeunes de Cartierville où Lost commence à enregistrer ses premières chansons, jusqu’au concert à guichet fermé au Mtelus en juin 2019 avec ses frères du 5sang14, Lost aura fait bien du chemin. Le parcours du jeune auteur-interprète d’origine camerounaise est en effet des plus impressionnants. Doté d’une énergie et d’une aura qui ne laisse personne indifférent, Lost captive l’attention depuis ses premiers élans dans le rap. Il est de ces messagers qu’on écoute attentivement, de ces paroliers qui s’expriment en paraboles, images et métaphores pour traduire en musique toutes leurs réflexions. Ces questionnements, qu’il mène sans cesse sur lui-même, sur les chemins de la vie qui dérivent et sur la réalité de la rue qui contraste avec le monde fantasmé par l’industrie, sont au centre de son œuvre. 

S’il grandit en baignant dans la musique originaire de son pays, la maîtrise du verbe et sa facilité à jongler avec les mots vont rapidement inciter le MC en devenir à s’adonner au rap : « Dans la rue, tu ne dis pas que tu fais du rap si tu ne peux le faire immédiatement. Donc tu freestyles. » C’est à l’adolescence lors de séjours en famille en France que Lost découvre le rap de l’hexagone (Mister You, Lacrim, Mafia K1 Fry…), dans lequel il se reconnaît davantage. C’est ce bagage musical qu’il transportera avec lui lors de son retour à Montréal et qui l’aidera à développer son style. Son amour et son talent pour le rap lui permettront rapidement de rejoindre un cercle plus large que son groupe d’amis. C’est alors qu’un intervenant de la maison des jeunes qu’il fréquente le confronte en lui disant qu’il ne percera jamais. Cet affront lui servira comme locomotive et le motivera plus que jamais, provoquant l’effet inverse. Lost était voué à de bien grandes choses dans le rap. Ce n’était qu’un début. 

Avoir raison et persévérer devient donc une source de motivation pour le jeune artiste qui redouble d’efforts. Persuadé d’avoir trouvé sa vocation, Lost ne veut plus jamais avoir à prouver quoique ce soit à personne. Pour concrétiser son rêve, il multiplie les séances de studio qui sont alors de plus en plus régulières et professionnelles, mais également de plus en plus coûteuses. C’est ainsi qu’il trouve des moyens divers de financer ses séances d’enregistrement. Tout cela viendra avec un style de vie axé sur des mauvaises décisions qui le conduiront éventuellement en prison d’octobre 2014 à janvier 2015. Ce premier séjour en prison se voudra une étape difficile,mais constructive dans la vie du jeune artiste qui procède alors à une profonde introspection. Ne sachant pas quand il allait sortir de prison, ni qu’il allait le devenir, Lost se pose des questions sur sa vie. 

Au sujet de cette période de sa vie, Lost s’exprime ainsi: 

« Je savais la force de l’éducation que j’avais eu, les valeurs qui m’avaient construit, le rôle d’enfant aîné que j’avais dans ma famille. Je sentais que je m’étais perdu. » 

C’est à sa sortie de prison – face à cette constatation d’égarement - qu’il décide de continuer son parcours artistique sous le pseudonyme de Lost et de changer sa vie. La musique s’impose alors comme ligne directrice pour le rappeur, car il est désormais convaincu qu’il y a des vocations qui ne s’inventent pas. Via son rap et à travers sa musique, Lost se met à exprimer tout ce qu’il ressent et cherche à fermer ce long chapitre grâce à son projet Bonhomme Pendu, un clin d’œil au jeu de lettres où toutes les erreurs sont fatales et comptées. Ce projet qui sera offert en trois volumes différents au fil des années sera entrecoupé de trois autres albums collectifs: un premier album intitulé En Noir et Blanc avec White B, s’ensuit Cerbère avec White-B et MB, 5/5 et Snakeyz avec son groupe 5Sang14. et finalement son dernier projet LOSTALGIK.

Le travail en solo et celui en collectif est d’une importance capitale dans son cheminement: « Même quand on est en solo, on est ensemble. » 

Le collectif 5Sang14 quant à lui deviendra une force qui le poussera à se maintenir sur le droit chemin. Le rappeur sait comment il fonctionne, il sait qu’il a besoin d’être entouré de personnes qui le comprennent à 90%. « 100% c’est impossible. Même moi, les 10% restant, je les décortique encore » admet le mystérieux rappeur qui s’interroge sans cesse. Le fruit de ses réflexions lui permettront avec la maturité acquise de donner de la richesse à ses textes et de se faire connaître comme un des aspirants au trône de meilleur parolier du rap Made In Quebec. 

En le temps de quelques chansons phares, les views et les streams pleuvent et le bassin de fans s'agrandit de façon exponentielle. Le changement est radical: de 1 000 à 10 000, puis de 100 000 au million. Ce succès grandissant inspire l’artiste qui fait preuve d’une nouvelle énergie et qui explore de nouveaux sujets. L’avenir paraît soudainement plus clair : Lost sent qu’il n’a alors plus rien à prouver à personne, sauf à lui-même. Il comprend de mieux en mieux son monde, mais ressent encore qu’il y a un manque dans le rap québécois, une musique encore trop cantonnée dans laquelle il n’a pas pu se trouver quand il était plus jeune. Cette constatation devient une nouvelle forme de motivation pour lui et son groupe. Plus question de se contenter de se faire connaître, il fallait maintenant imposer un son, une identité et un différent branding dans lequel plein de jeunes comme lui sauraient se reconnaître. Il le sent et le constate. Sa musique fait du bien aux jeunes et aux plus âgés de toutes les cultures et de tous les horizons. C’est cette nouvelle préoccupation qui lui permet de continuer à se battre pour se tailler une place toujours plus importante dans cette industrie très compétitive et sans pitié. Aujourd’hui, son nom est synonyme de grandes choses et ses carrières en solo et en groupe sont désormais à jamais dans la grande histoire du rap de Montréal. 

Aujourd’hui, après cinq ans de carrière, ce que Lost souhaite c’est d’exporter sa musique et de continuer à cristalliser sa place et celle de son groupe 5Sang14 au sommet de la chaîne alimentaire du rap franco-ricain.