Renaudot (1586-1653), à l’origine du premier journal en France, attribuait une plus grande vertu à l’histoire, ce «récit des choses advenues», qu’à l’actualité qui n’était à ses yeux, que «le bruit qui en court». Pour le journaliste, il n’est donc pas commun de se lancer dans une vaste enquête afin de relater l’histoire longue d’un personnage. Écrire sur un individu bien vivant est le propre du journalisme, mais pour relater son passé, il doit emprunter à la démarche historique. Apprendre à manier la subjectivité du biographié, décrypter les silences de sa mémoire, bâtir un récit sans mythifier sa vie, telles sont les tâches que doit affronter le journaliste-biographe. Les cas de Jacques Parizeau et de Guy Rocher en sont de riches exemples.