SUUNS
La Taverne présente

SUUNS

Événement en personne
9 avril 2016
21h30 / Entrée: 19h00

365 Tessier Est, Saint-Casimir, QC, Canada
Pour plus d'information à propos de cet événement, veuillez contacter La Taverne à lulu625@hotmail.com.

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SUUNS

Hold/Still, troisième album studio de Suuns, est un objet énigmatique, une suite musicale à la beauté étrange et à l’interprétation méticuleuse qui englobe les contraires et fait de la distorsion cognitive une vertu. Une oeuvre qui ne cède pas facilement ses secrets. Les onze chansons qui y figurent sont à la fois psychédéliques et austères, sensuelles et froides, organiques et électroniques; elles contiennent une tension frisant la folie tout en conservant un calme et un contrôle irréprochables. « Une partie de cet album résiste à celui qui l’écoute, et je crois que c’est le fait de ces forces qui s’opposent constamment, explique le batteur Liam O’Neill. Prenez “Brainwash” par exemple. La mélodie à la guitare, très douce et lyrique, côtoie des textures percussives extrêmement agressives et éparses. »
Dès le départ, Suuns (qu’on prononce « sounz » et qui signifie « zéro » en thaï) cherchait à faire les choses autrement. Le groupe est né à Montréal en 2007, lorsque le chanteur et guitariste Ben Shemie et le guitariste Joe Yarmush se sont rassemblés pour créer des démos, bientôt rejoints à la batterie par Liam, l’ancien camarade de classe de Ben, et par Max Henry au synthétiseur. Tous deux parus chez Secretly Canadian, les premiers albums de la formation, Zeroes QC (2010) et Images Du Futur (2012), finaliste au prix Polaris, ont connu un succès critique immédiat. Rapidement, Suuns s’est inscrit dans la renaissance musicale montréalaise de la fin des années 2000 aux côtés de The Besnard Lakes, Islands et Land of Talk. Pourtant, Suuns semble loin des grands ensembles baroques et orchestres apocalyptiques qui caractérisent la scène de Montréal. « Nous faisons de la musique plutôt minimaliste, soutient Ben. La forme de nos chansons n’est pas traditionnelle et parfois, ça ne va nulle part, mais les pièces possèdent leur propre logique. » Autrement dit par Joe : « C’est de la pop, mais placée dans une sorte d’espace maléfique. »
Après avoir réalisé leurs deux premiers disques avec leur ami Jace Lasek de The Besnard Lakes, qui opère le studio montréalais Breakglass, Suuns a décidé que Hold/Still exigeait une approche différente. En mai 2015, ils sont donc partis pour Dallas, au Texas, afin d’y travailler avec le producteur John Congleton, lauréat d’un prix Grammy (l’homme derrière St Vincent, The War On Drugs, Sleater Kinne...). Pendant trois semaines intenses, les quatre musiciens ont passé leurs journées en studio où Congleton les a poussés à enregistrer des prises live parfaites, ne requérant presque aucune retouche additionnelle. Le soir, ils s'en retournaient dans la chaleur étouffante de leur petit appartement. « Quand on enregistre à Montréal, l’atmosphère est à la fête, raconte Joe. Là- bas, on avait l’impression d’être en mission. On cherchait quelque chose qui pourrait nous sortir de notre élément et s’infiltrer dans notre musique. » Par chance, l’effet a été galvanisant. Sous la gouverne de Congleton, « Translate » et « Infinity », des chansons que le quatuor retravaillait depuis des années, ont soudainement trouvé leur forme.
Le résultat est sans contredit leur album le plus abouti à ce jour, le son d’un groupe œuvrant dans un état de synchronisme mental, façonnant à la guitare une musique qui semble échapper à une tradition précise, aux carcans des genres. Du blues électronique hanté de « Nobody Can Save Me Now » aux sept minutes lancinantes de la pièce maîtresse « Careful », Hold/Still met de l’avant le travail de Max, un obsédé du synthétiseur qui conçoit ses propres patchs et admet utiliser de l’équipement bancal ou bon marché, en plus d’instruments haut de gamme, parce que « [un appareil de qualité] fait tout le travail à votre place, et ça n’est pas toujours amusant. » Certes, le groupe est inspiré tant par les textures du groove sombre d’Andy Stott, les arpèges florissants de James Holden et les productions dentelées de Death Grips, que par tout ce qui touche de près ou de loin au rock. « Tant que ça n’a pas été effleuré ou baigné dans un éclairage électronique, ça ne marche pas », élabore Liam. « C’est rare qu’une batterie, une basse et une guitare acoustique constituent un produit fini à nos yeux. Pour qu’une chanson soit du Suuns, il faut qu’elle ait été colorée par l’électronique. »
Le groupe reste profondément épris de l’esthétique de l’obscurité. La couverture du disque est une image de l’ex-collègue de Ben, Nahka, captée par la photographe Caroline Désilets au sténopé lors d’une exposition de quatre minutes. Hold/Still, c’est le cas de le dire.
Une autre contradiction réside dans la voix de Ben, beaucoup plus articulée et franche que sur les albums précédents. S’il y a un thème qui unit Hold/Still, c’est selon Ben une exploration « du sexe... peut-être pas l’acte en lui-même, mais des sujets de nature sexuelle. Il y a par ailleurs un sous-texte spirituel qui tend vers un autre type de quête. » La sexualité s’illustre dans le romantisme sombre de « Careful », alors que le désir devient à la fois sexuel et spirituel dans les appels inassouvis de « Instrument » : « I wanna believe/I wanna receive... » La spiritualité prend le dessus dans la dernière partie du disque. « Nobody Can Save Me Now » évoque For You, l’incantation fantomatique de l’artiste Tracey Emin à la Cathédrale de Liverpool : « I felt you / and I knew that you loved me », tandis que ‘Brainwash’ interroge : « Do you see, all seeing? / Do you know, all knowing? »
Dans un centre culturel tel que Montréal, les musiciens peuvent parfois tomber dans la facilité à force de jouer pour leurs pairs. Mais Suuns semble toujours à la recherche de la frontière la plus proche. Le groupe a trouvé ses premiers auditoires en France et en Belgique, où ses membres ont assumé la programmation du festival Sonic City en 2012, invitant des formations très diverses telles que Swans, Tim Hecker et Demdike Stare. Parallèlement, les deux dernières années ont été consacrées à des tournées qui les ont entraînés aussi loin que le Mexique, le Maroc, Beyrouth, Taïwan et Istambul, parfois en compagnie de leur ami Radwan Moumneh, du projet multimédia Jerusalem In My Heart, avec qui Suuns a lancé un formidable album collaboratif il y a un an, Suuns And Jerusalem In My Heart.
« On fait beaucoup de tournées ensemble et à ce stade, on a voyagé un peu partout dans le monde, affirme Ben. C’est un effort concerté de notre part, chaque fois que l’occasion se présente. On se dit : “cette fois-ci, essayons d’aller plus loin à l’est, encore plus au sud”. On se retrouve à jouer devant des gens qui ne voient pas souvent des groupes sur scène, et ça peut devenir vraiment intéressant. » En d’autres termes, ceux qui s’aventurent hors de leur zone de confort sont récompensés – une vérité qui s’applique également à Hold/Still, l’album qui tire son étrange pouvoir de tensions bouillonnantes et de juxtapositions bizarres, saisissantes et qui, ce faisant, propulse le rock sur un sentier nouveau et inexploré.

Pang Attack

En marche depuis 2011, le trio Montréalais Pang Attack est constitué d'Alex Hackett (guitares, voix), Yann Geoffroy (batteries) et Dave Clark (claviers, basse). "Ce prolifique trio ne s'inscrit pas dans une tendance précise, ce qui est loin d'être un défaut: shoegaze, dreampop, relents de surf rock, drone et crooning psychédélique."